L’histoire de la Marquise de Ganges est marquée par le mystère, le drame et la cruauté, qui ont fasciné de nombreuses personnes à travers les siècles. La Marquise, née Marie-Madeleine de Castellane, fut victime d’un assassinat effroyable orchestré par son propre mari et son beau-frère en 1667, au sein du petit village de Ganges, dans le sud de la France. Cette affaire macabre met en lumière la violence et les intrigues propres à l’aristocratie française de l’époque, ainsi que la condition des femmes dans la société du 17ème siècle. Dans cet article, nous allons explorer les circonstances tumultueuses de la vie et de la mort de la Marquise de Ganges. Nous aborderons les événements qui ont précédé son assassinat, les motivations des auteurs, et l’héritage de cette histoire tragique encore bien vivant aujourd’hui.
Une Jeunesse Prometteuse
À seulement 13 ans, Diane est mariée au marquis Dominique de Castellane. Ce mariage la propulse à la cour de Versailles, où elle est saluée pour sa beauté et son charme. Surnommée « la belle Provençale », elle captive l’attention de Louis XIV, avec qui elle danse le septième ballet de la Nuit en octobre 1655, incarnant Artémise. Cependant, cette vie fastueuse prend un tournant dramatique lorsqu’un terrible naufrage emporte son mari en 1654, la laissant veuve à un âge précoce.
L’Épreuve de Veuvage et un Nouvel Élan
Après la mort de son époux, Diane se retire à Avignon, s’éloignant de la cour. Ce n’est qu’en 1658, trois ans plus tard, qu’elle décide de se remarier, un choix qui se révélera tragique. Elle devient l’épouse de Charles de Vissec de Latude, comte de Ganges, un aristocrate prometteur dont le pouvoir et l’influence croissants ne tardent pas à susciter des jalousies au sein de sa propre famille.
Un Testament Dangereux
En 1663, après le décès de son riche grand-père, Diane devient légataire d’une fortune importante. Consciente des menaces qui pèsent sur elle, elle rédige un testament au profit de ses enfants, déshéritant son mari. Cette décision crée des tensions insurmontables avec ses deux beaux-frères, Henri, dit l’Abbé, et Bernardin, le Chevalier de Ganges, qui voient leur avenir compromis.
Le comportement de ces derniers devient de plus en plus agressif, et des tentatives d’empoisonnement sont orchestrées contre elle, incluant un prêtre complice, l’abbé Perrette. Après une série d’attaques, Diane parvient à fuir mais est finalement rattrapée par ses poursuivants, qui l’achèvent à coups de poignard le 5 juin 1667.
Assassinat de la Marquise de Ganges en 1667 : la vérité au-delà des contes. Selon la « Revue du Midi », publiée en 1892. N’avez-vous pas lu l’histoire de la Marquise de Ganges ? Au moins, n’avez-vous pas entendu parler de cette tragédie ? Elle a eu, au XVIIe siècle, une répercussion européenne, et son issue fatale a effrayé la petite ville de Ganges, le soir du 17 mai 1667.
Depuis ce temps, les chroniques, les récits, les biographies, les romans, les manuscrits et les pièces de théâtre inédites ont tour à tour tenté d’éclaircir et de déterminer la part de responsabilité qui incombe à chacune des personnalités impliquées dans cette cause infâme. Si l’empressement était égal des deux côtés, le succès n’a pas été le même pour tous !
Alexandre Dumas a saisi une excellente occasion d’intéresser et de séduire son monde au détriment de la vérité. Il a pris soin de ne pas la manquer dans sa célèbre série de livres sur les crimes. Quel formidable conteur, et comme il sait mêler avec art la légèreté à la gravité, l’agréable au sérieux, offrant ainsi à ses lecteurs (ce sont ses propres expressions) la comédie après le drame! Quand Dumas chausse ses grandes bottes de sept lieues, c’est un véritable plaisir de le voir traverser la forêt historique. Avec lui, on éprouve toujours des sensations terribles ; on pleure, on frissonne, on a peur, on se sent emporté dans une course vertigineuse. Malheureusement, lui aussi passe toujours à côté, et Petit-Poucet s’échappe et se sauve toujours.
Notre intention n’est pas de donner ici une nomenclature complète des œuvres publiées sur la Marquise de Ganges. Nous mentionnons seulement aux amateurs la bonne Histoire de la Marquise de Ganges publiée en 1810 par un auteur plus autorisé, car il était de la famille de celle-ci, le comte de Fortia d’Urban. Nous recommandons particulièrement l’excellente note du premier président Aragon (Diane de Joannis, Marquise de Ganges, sa vie, sa mort tragique).
Image: Diane de Joannis, marquise de Ganges
L’auteur, avec la précision et la sûreté du regard d’un magistrat expérimenté en affaires, résume et juge en un mot toutes les œuvres précédentes ; puis, sans s’y attarder, il expose le côté historique de la question et fait revivre devant nos yeux, avec autant d’impartialité que de charme et de puissance, l’ensemble du drame.
Tout en restant fidèle à la vérité, il sait nous intéresser à cette malheureuse marquise, expiant par une mort cruelle les dons de la fortune et de la beauté. Il nous montre sa répugnance visible à venir vivre au château de Ganges, répugnance suffisamment expliquée par l’attitude de ses deux beaux-frères, l’abbé et le chevalier de Ganges, qui avaient jeté sur elle un œil de convoitise et de désir.
Il est difficile de croire, avec lui, en cette association dépravée des deux frères pour séduire leur belle-sœur et déshonorer le chef de famille. On finit cependant par admettre l’évidence des faits et reconnaître que la maison de Ganges a reçu cette outrage de ceux qui devaient préserver intact le blason des armoiries.
Notons que cette maison, déjà seigneuriale au XIIIe siècle, était, sous le nom de Vissec de la Tude, l’une des plus grandes du Languedoc, et la baronnie de Ganges avait été érigée en marquisat en 1665 par Louis XIV. Le soir du 17 mai 1667, une femme à peine vêtue, les cheveux éparpillés, l’air égaré, appelant à l’aide, courait pieds nus, affolée, près du château de Ganges. C’était la marquise elle-même ! On l’entendit pousser ce cri en le répétant plusieurs fois : Je suis empoisonnée ! Au secours ! La voyant dans cet état de désordre, les passants la firent entrer chez un voisin, un sieur des Prats, où la dame Brunelle, épouse du pasteur local, lui donna un contre-poison dont elle avala une certaine dose.
« L’Abbé (qui était ainsi appelé par habitude, bien qu’il ne fût même pas ecclésiastique) et le Chevalier, informés par Deperet de l’évasion de la Marquise, vinrent aussitôt comme pour la protéger, disant qu’elle était malade à cause de vapeurs hystériques ; mais il était difficile de se méprendre sur leurs sentiments: ils l’avaient vraiment empoisonnée. » Le Chevalier, voyant que la boisson administrée n’avait pas produit tout son effet, ne se cachait plus. Il poursuivit sa belle-sœur, l’épée à la main, à travers la maison où elle s’était réfugiée, lui porta plusieurs coups malgré l’intervention tardive des personnes présentes, et s’en alla avec son frère dès qu’ils pensèrent en avoir fini. Ils disparurent aussitôt, pour ne jamais revenir.
« La marquise demande et reçoit les derniers sacrements. Elle meurt le 5 juin 1667, pardonnant « à tous ses ennemis qui voulaient lui ravir l’honneur et la vie, et prenant Dieu à témoin de l’innocence de sa conduite ». Grâce à l’inexplicable inertie de la justice locale, les deux meurtriers ont pu échapper à la poursuite dont ils devaient faire l’objet.
Ils parvinrent à gagner la côte par des voies détournées, s’arrêtant momentanément au château de Soubeyras, sur la commune de Gorniez (Hérault), et s’embarquèrent au Grau de Palavas. Un arrêt du Parlement de Toulouse les condamne, par contumace, à être battus à mort.
« Les deux assassins avaient quitté la France, ajoute M. Aragon, et le bruit courut qu’ils s’étaient réfugiés à Venise, où ils auraient pris du service pour cette République, alors en guerre contre les Turcs. On prétendait que le chevalier avait été tué au siège de Candie en Crète (1669).
De Barrau dit que l’abbé fut tué par un éclat de bombe et que le chevalier mourut dans une mine qui sauta (Documents historiques et généalogiques sur les familles du Rouergue). Puis il fait justice en quelques mots des racontars plus ou moins vraisemblables imaginés sur la fin des deux criminels par tous les romanciers, familiers du dénouement du mélodrame. Complétons maintenant cette histoire captivante par cette page des Mémoires de la Marquise de Dax d’Axat.
Les Gorges de Saint-Georges (Aude), que nous avons eu le plaisir de visiter récemment, à trois kilomètres d’Axat, ressembleraient à des cellules de prison rugueuses. Leur silence profond, interrompu uniquement par le grondement de l’eau, la rareté du soleil, leur hauteur extraordinaire, pourraient sûrement rendre un homme repenti ou désespéré. C’est un spectacle vraiment grandiose ! Des gorges profondes, on peut encore voir les vestiges de la petite chapelle de Vayra et de l’ermitage qui lui est annexé. « Il y a longtemps, vers la fin du règne de Louis XIV, les bergers qui fréquentaient seuls ces sommets froids et déserts, virent un homme se diriger vers la chapelle, déjà abandonnée à cette époque. Cet homme était grand, portait la tête haute et marchait fièrement.
Vêtu d’une robe de capucin, il gardait la capuche sur le visage, de sorte que les pauvres bergers avaient peur ! Plusieurs fois, ils le surprirent en train d’essayer de soulever les pierres des murs effondrés de la chapelle. Il le faisait maladroitement, et ils comprirent rapidement, avec ses mains blanches et fines, qu’elles n’étaient pas habituées au travail.
Les bergers s’enhardissent peu à peu, ils lui offrent leur aide et le lait de leurs chèvres. D’un signe, il acceptait, et c’est toujours avec de l’or qu’il les payait. Parfois, on le voyait prostré, se frappant rudement la poitrine. Ces faits parvinrent aux oreilles de l’évêque d’Alet qui fit venir devant lui le mystérieux étranger (car tous les ermites lui devaient obéissance). Celui-ci ne tint aucun compte de l’ordre qu’il avait reçu, et il continua sa triste vie solitaire.
« Quelque temps après, l’évêque d’Alet, venant faire sa visite pastorale dans le pays, et prévoyant qu’il y aurait là quelque mystère qu’il importerait d’éclaircir, envoya ses deux grands vicaires au nouvel ermite de Vayra. Il ne leur fut pas possible de voir son visage. Il leur dit cependant qu’il obéirait, mais à condition de ne parler qu’à Monseigneur, et de baisser son capuchon.
« Tout ceci accordé, l’étranger se rendit au château du seigneur d’Axat dont l’évêque était l’hôte. Il fut aussitôt introduit dans une des salles du manoir. Sans doute y avait-il quelques curieux aux portes, car on entendait des sanglots douloureux. L’entretien fut long. L’ermite sortit en titubant, et le visage du prélat refléta un mélange de pitié et d’horreur. « Personne n’osa interroger l’évêque ; mais huit jours plus tard, à son retour à Alet, il reçut un mot qui le déliait de la parole donnée. L’ermite avait disparu ; personne ne l’a revu depuis.
C’était le chevalier de Ganges, l’un des assassins de la belle et malheureuse marquise de Ganges, sa belle-sœur, dont l’histoire émouvante fit alors tant de bruit. » L’événement dont nous avons résumé les péripéties n’est pas oublié dans le pays qui en a été le théâtre. On montre aussi à Ganges la fenêtre par laquelle la pure et courageuse jeune femme a sauté pour échapper à la fureur de ses assassins. Le souvenir de la Marquise est toujours vivant et en état d’apothéose.

Sources
L’affaire de la marquise de Ganges a captivé l’attention de nombreux écrivains, historiens et cinéastes depuis le XVIIe siècle. Voici quelques sources historiques, littéraires et cinématographiques sur le sujet :
Sources historiques :
1. « Chronologie novenaire contenant l’histoire de la guerre » de Bussy-Rabutin (1670) – Un recueil historique qui mentionne brièvement l’affaire de la marquise de Ganges.
2. « Les dames galantes » de Brantôme (1665-1666) – Un recueil de récits racontant les aventures amoureuses de dames éloquentes, avec une référence à l’affaire de la marquise de Ganges.
Sources littéraires :
1. « La marquise de Ganges » d’Alexandre Dumas (1844) – Un roman historique basé sur la vie et la mort de la marquise de Ganges.
2. « Les crimes célèbres » de Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1764) – Un ouvrage qui porte un regard détaillé sur plusieurs crimes célèbres, dont celui de la marquise de Ganges.
Sources cinématographiques :
1. « L’affaire des poisons » de Louis Feuillade (1908) – Un film muet basé sur l’histoire de la marquise de Ganges et l’affaire des poisons en France au XVIIe siècle.
2. »
s » de Édouard Niermans (2010) – Un téléfilm français qui raconte l’histoire de la marquise de Ganges, mettant en vedette Anne Parillaud dans le rôle principal.
La plupart des sources disponibles sont en français, mais des traductions peuvent être trouvées pour certaines d’entre elles. Outre ces sources, l’affaire de la marquise de Ganges est également mentionnée dans plusieurs œuvres universitaires sur l’histoire du crime, l’aristocratie française et la condition des femmes à l’époque moderne.
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