Rosalie Duthé : L’énigmatique maîtresse royale qui inspira le stéréotype de la blonde écervelée

Rosalie Duthé, figure emblématique du XVIIIe siècle, a marqué l’histoire de la cour de France en tant que maîtresse royale. Un personnage fascinant, célèbre non seulement pour ses relations amoureuses, mais aussi pour sa capacité à façonner l’image de la femme dans la société de l’époque. Elle est souvent associée au stéréotype de la « blonde écervelée« , une notion qu’elle a presque contribué à populariser. Au-delà de cette image, Duthé était une femme astucieuse et influente, maniant à la fois le charme et l’intelligence. Son parcours illustre comment les perceptions de la beauté et de l’intellect ont été utilisées pour définir le rôle des femmes au sein de l’aristocratie.

Rosalie Duthé. Son nom ne vous rien, aucun hommage international ne lui est rendu et pourtant. Cette parisienne culottée, qui avait l’art et la manière de l’ôter, a conçu un personnage qui fera les beaux jours d’Hollywood des siècles plus tard.

Marylin Monroe n’a pas inventé le concept, c’est cette prostituée royale qui l’a fait il y a deux siècles. Rosalie Duthé était un sujet fréquemment demandé pour des portraits, y compris des nus partiels et complets, dont beaucoup se trouvent encore dans des musées et des collections privées. Après avoir quitté un couvent français, Duthé devint la maîtresse du riche financier anglais George Wyndham, 3e comte d’Egremont, « qu’elle aurait ruiné ». Elle devient ensuite danseuse au ballet de l’Opéra de Paris et la compagne de plusieurs nobles, dont le duc de Durfort, le marquis de Genlis et le jeune duc d’Artois, futur Charles X de France. 

Maitresse de: Trop pour les compter. Années d’exercice: c. 1770 – 1790.
Bâtards Royaux: Aucun
Tombée en disgrâce: Elle aimait passer très vite à autre chose

Lié Louis Périn-Salbreux, Rosalie Duthé, 1772-80. 
Lié Louis Périn-Salbreux, Rosalie Duthé, 1772-80.

Catherine-Rosalie Gerard Duthé était apparemment née pour conquérir le cœur de l’élite européenne. On pense généralement qu’elle a quitté un couvent français alors qu’elle était adolescente, bien que la raison en soit inconnue. Certains historiens ont indiqué que Rosalie était née dans une famille respectable ; son père avait un « petit emploi » au palais royal. Elle fut envoyée au couvent pour y être éduquée, mais fut confiée à sa tante après avoir abandonné ses cours.

 

Cette tante, selon certaines versions de sa vie, lui fait rencontrer deux célèbres maîtresses de l’époque de Louis XV, qui enseignent à Rosalie l’art de la séduction et du divertissement, ainsi que les moyens d’obtenir des hommes qu’ils lui offrent de beaux cadeaux et beaucoup d’argent. À dix-sept ans, Rosalie aurait attiré l’attention d’un archevêque, Arthur Dillon, qui l’aurait poussée à apprendre à chanter et à danser. Elle était apparemment une jeune femme très occupée à cette époque et devint également la maîtresse de plusieurs autres hommes.   

Au début de la vingtaine, Rosalie devient danseuse au ballet de l’Opéra de Paris. C’est là qu’elle commence à attirer l’attention de prétendants riches et puissants.

Dans le Paris du XVIIIe siècle, les femmes qui étaient actrices, danseuses ou chanteuses d’opéra étaient généralement aussi des prostituées, même si elles étaient très bien payées. Rosalie était merveilleusement belle, avec une chevelure blonde remarquable et un rire mélodieux. Mais ce qui commence vraiment à intéresser les clients potentiels, c’est une habitude particulière qu’elle adopte sur scène : Rosalie s’arrêtait un peu trop longtemps avant de prononcer son texte.

Elle ne le faisait pas à chaque fois, mais son public commença bientôt à penser qu’elle était simplement un peu idiote. Cette étrange habitude est ensuite transformée en une pièce en un acte, qui remporte un énorme succès et « fait rire Paris pendant des semaines », scellant ainsi la réputation de Rosalie en tant que première « blonde idiote ».

À la même époque, Rosalie devient la maîtresse du financier anglais George Wyndham, 3e comte d’Egremont, qui, comme son père, se rend à Paris pour collectionner des meubles français. Elle a attiré son attention lors d’une de ses représentations. George aura plusieurs maîtresses au cours de sa vie (et plus de 40 enfants bâtards), mais on dit que c’est Rosalie qui l’a « ruiné ».

Rosalie Duthé, by François Dumont

Très vite, Rosalie devient une compagne très recherchée, même si ses liaisons sont toujours brèves. Parmi ses conquêtes figurent le duc de Dufort, le marquis de Genlis et le comte d’Artois, le futur Charles X de France. Charles est sans doute sa meilleure prise, qui se réchauffe à partir de 1775, alors que Rosalie approche de la trentaine. Enthousiasmé par sa nouvelle maîtresse, Charles lui offre une maison dans le quartier chic de la Chaussée d’Antin à Paris, somptueusement décorée et peinte.

Rosalie Duthé la blonde écervelée

 

Portrait de Rosalie Duthé

En 1788, Rosalie a l’honneur de monter dans le carrosse de Louis Philippe II, duc d’Orléans. Ce carrosse étant réservé aux princes, les jeunes aristocrates ne tardent pas à chanter que La Duthé a dû téter, ce qui signifie en gros : « La Duthé a dû téter royalement ». La raison de cette chevauchée scandaleuse est simple : adolescente quelques années auparavant, Rosalie avait été convoquée par le père de Louis pour éduquer son fils de quinze ans, futur roi Louis Philippe Ier, en matière de sexualité, car le père craignait que son fils ne s’intéresse un peu trop aux hommes. Selon une source, elle était si douée pour ses leçons que le petit Louis devint rapidement un expert.

Lorsqu’elle ne divertissait pas les hommes, Rosalie était un modèle très recherché par les portraitistes (elle était toujours prête à faire de la nudité partielle ou totale) et les sculpteurs. Bien que de nombreux artistes la sollicitent, le préféré de Rosalie est Henri-Pierre Danloux

Portrait de Rosalie Duthé
Portrait de Rosalie Duthé

 Rosalie amasse rapidement une certaine richesse, qu’elle est heureuse d’étaler. En 1800, Rosalie disparaît de l’histoire aussi rapidement qu’elle y était apparue, son seul véritable titre de gloire étant sa faible intelligence présumée et sa capacité à coucher avec des hommes puissants. Certains disent que Rosalie s’est installée en Angleterre où elle a vécu confortablement grâce aux dons généreux qu’elle avait reçus pour ses « talents ».

 

De retour en France, ses biens sont confisqués pendant la Révolution française. L’année de sa mort se situe entre 1830 et 1831, mais elle a dû revenir en France (si elle l’a jamais quittée) au moins pour être enterrée au cimetière du Père Lachaise à Paris, division 9.

Cimetière du père Lachaise, Paris, France
Photographed By Christophe Maîtrejean

En résumé, en conclusion

Rosalie Duthé, célèbre maîtresse du roi Louis-Philippe, demeure une figure fascinante de l’histoire française. Née en 1790, elle se distingue par son charisme et son intelligence, mais c’est son image qui marque les esprits. Rosalie incarne le stéréotype de la « blonde écervelée », une perception péjorative popularisée à son époque et qu’elle utilisa pour parvenir à ses fins. Ce concept, devenu emblématique, a façonné la représentation des femmes blondes dans la culture populaire.

Rosalie Duthé était non seulement belle, mais également astucieuse et rusée. Elle a su jouer de son charme pour gravir les échelons de la cour, mais son héritage va au-delà de ce rôle. En transformant les attentes autour des femmes blondes, elle a défié les normes de son temps et ouvert la voie à des discussions sur le pouvoir et l’image de la femme. Rosalie Duthé reste ainsi une femme libre de son destin, assumant ses actes, figure incontournable qui allie séduction, ruse et défi aux conventions sociales.

Sources

  • ”Mademoiselle Rosalie Duthé” by Henri-Pierre Danloux, 1792 (image).
  • Ditmore, Melissa. Encyclopedia of Prostitution and Sex Work: A-N. Vol. 1. Greenwood (2006). ISBN: 0313329680.
  • Sutton, Denys. France in the 18th Century. W. T. Monnington (1968).

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